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Jean-Claude Romand : les 7 conditions de la remise en liberté du faux médecin, après 26 ans de prison

Jean-Claude Romand, le faux médecin qui avait tué cinq membres de sa famille en 1993, va être libéré après 26 ans en prison. La cour d'appel lui a accordé la liberté conditionnelle. Mais l'homme, aujourd'hui âgé de 65 ans, devra respecter 7 conditions. Son parcours criminel a inspiré des livres et des films.

Marianne Enault , Mis à jour le
Jean-Claude Romand, lors de son procès en 1996.
Jean-Claude Romand, lors de son procès en 1996. © Sipa

Jean-Claude Romand va être libéré d'ici au 28 juin. La cour d'appel de Bourges a accordé jeudi la liberté conditionnelle au faux médecin qui avait tué cinq membres de sa famille en 1993. Condamné à la perpétuité en 1996, l'homme, aujourd'hui âgé de 65 ans, était libérable depuis 2015, après une période de sûreté de 22 ans. "C'est imminent mais sans doute pas aujourd'hui (jeudi)", a commenté son avocat maître Jean-Louis Abad. La décision doit dans tous les cas être mise à exécution avant le 28 juin, selon un communiqué de presse du parquet général de Bourges.

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C'est une grande déception pour mes clients et une grande douleur

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"C'est une grande déception pour mes clients et une grande douleur. Ils ont le sentiment que tout est terminé pour [Jean-Claude] Romand et que pour eux cela ne le sera jamais", a réagi maître Laure Moureu, qui représente les deux frères de Florence Romand, l'épouse assassinée.

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La chambre de l'application des peines de Bourges a par cet arrêt infirmé la décision du tribunal de Châteauroux qui avait refusé la liberté conditionnelle à Jean-Claude Romand le 8 février dernier.

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Pendant plus de 15 ans, le faux "docteur Romand" avait menti à son entourage, se faisant passer pour un médecin travaillant pour l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d'assassiner en janvier 1993 son épouse, ses deux enfants et ses parents alors que la vérité allait éclater.

Domicile, bracelet électronique, communication... : une liberté sous conditions 

  1. Pendant deux ans, il va être placé sous surveillance électronique probatoire ; puis, pendant dix ans, Jean-Claude Romand sera soumis à des mesures d'assistance et de contrôle. Les voici :
  2. le faux docteur devra à l'issue de la période probatoire s'établir "en un lieu autorisé par l'autorité judiciaire" ;
  3. il devra s'abstenir d'entrer en relation avec les victimes et les parties civiles ;
  4. il aura interdiction de se rendre dans les régions Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes ;
  5. il devra s'abstenir de toute communication médiatique relative aux crimes pour lesquels il a été condamné ;
  6. il devra "réparer en tout ou partie" les dommages qu'il a causés ;
  7. il sera soumis à des mesures d'examen médical, de traitement ou de soins.

Des études placées sous le sceau du mensonge

Lors de son procès, Jean-Claude Romand avait raconté une vie de mensonges. 

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Tout commence à l'âge de 17 ans, quand il intègre une classe de mathématiques supérieures dans un lycée réputé de Lyon, pour préparer l'école des Eaux et forêts. Il abandonne au premier trimestre et, ne pouvant l'avouer à son père, gestionnaire de domaines forestiers, invoque des raisons de santé.

Puis il s'inscrit en fac de médecine. En deuxième année, il rate de quelques points son examen. Mais à ses proches, il assure l'avoir réussi. Pendant dix ans, jusqu'en 1986, il va s'inscrire systématiquement en deuxième année à la faculté de médecine de Lyon, tout en suivant les cours des années suivantes. 

L'"imposture" a commencé là, dira-t-il devant la cour d'assises de l'Ain, évoquant sa "peur de l'échec" et "l'injustice" des diplômes.

Pour vivre, il escroque sa famille et ses proches

Il a épousé Florence, une cousine par alliance, et ils ont eu deux enfants. Il prétend être médecin-chercheur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. En fait, il passe ses journées dans sa voiture, à la cafétéria ou à la bibliothèque. 

Pour vivre, il escroque parents et amis, leur promettant de placer leurs économies en Suisse pour les faire fructifier. En 1988, son beau-père fait une chute mortelle dans les escaliers de sa maison en Haute-Savoie. Seul Jean-Claude Romand est présent. Le beau-père lui avait réclamé une partie de la somme d'argent qu'il lui avait confiée.

Pour les juges, c'est justement quand ses proches découvrent l'imposture qu'il décide de passer à l'acte. Jean-Claude Romand, lui, dit s'être laissé entraîner de petits en gros mensonges pour "ne pas décevoir les siens", avant de d'estimer que "la mort est le seul passage pour éviter la souffrance".

Le 9 janvier 1993, le jour du drame 

Le 9 janvier 1993 au matin, il tue son épouse de 37 ans, alors qu'elle se trouvait endormie dans leur maison à Prévessin-Moëns (Ain), près de la frontière suisse. Il la frappe avec un rouleau à pâtisserie. Puis, selon son propre récit, il demande à sa fille de sept ans, Caroline, de s'allonger pour qu'il prenne sa température, avant de lui tirer dans le dos à la carabine. Il fait de même avec son fils Antoine, cinq ans.

Il se rend ensuite chez ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura), situé à environ 80 kilomètres. Après un déjeuner, il les tue eux aussi, l'un après l'autre, de plusieurs balles dans le dos.

Le même jour, il rejoint à Paris son ancienne maîtresse, qui lui avait confié une grosse somme d'argent. Ils se rendent dans la forêt de Fontainebleau : il lui a promis qu'ils allaient dîner avec Bernard Kouchner. Vers 23 heures, il s'arrête et asperge la jeune femme avec une bombe lacrymogène. Elle hurle et le supplie. Il renonce à la tuer.

Le lendemain, il rentre chez lui, où gisent sa femme et ses enfants. Le 11 janvier au petit matin, il avale des barbituriques - au procès, il assurera avoir avalé une dose mortelle - et met le feu à la maison. Quand les pompiers arrivent, il est inconscient mais vivant.

Les enquêteurs retrouveront une lettre dans sa voiture, dans laquelle l'homme de 38 ans a écrit : "Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon."

Sa vie a inspiré le livre L'adversaire d'Emmanuel Carrère, publié en 2000 et qui sera adapté pour le théâtre en 2016 et au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil. Laurent Cantet en a également fait un film, L'emploi du temps, sorti en 2011.

(avec AFP)

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