Jean-Claude Romand sortira de prison « avant vendredi soir »

En liberté conditionnelle, le faux médecin de l'OMS quittera la centrale de Saint-Maur pour rejoindre un couvent traditionaliste de l'Indre.

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Jean-Claude Romand lors de son procès devant la cour d'assises de Bourg-en-Bresse en 1996.

Jean-Claude Romand lors de son procès devant la cour d'assises de Bourg-en-Bresse en 1996.

© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Temps de lecture : 3 min

Après plus de 26 ans de détention, Jean-Claude Romand s'apprête à passer sa dernière nuit en prison. Le faux médecin de l'OMS, condamné en 1996 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat de son épouse, de ses deux enfants et de ses parents, le 9 janvier 1993, doit quitter vendredi 28 juin la maison centrale de Saint-Maur, dans la banlieue de Châteauroux (Indre). Il rejoindra aussitôt la communauté de moines traditionalistes qui doit l'accueillir à quelques dizaines de kilomètres de la prison, selon les prescriptions de la chambre de l'application des peines de la cour d'appel de Bourges, qui lui avait accordé le 25 avril dernier une libération conditionnelle.

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«  Il sera libéré avant demain soir  », confirme au Point son avocat, Me Jean-Louis Abad. «  C'est l'aboutissement d'une procédure ; la question n'est plus de savoir si c'est une bonne chose ou non, une décision de justice a été rendue, il faut l'exécuter  », commente sobrement le pénaliste lyonnais. «  Je ne suis ni content ni fier, j'ai simplement le sentiment d'avoir fait mon travail. Je suis bien conscient que des gens vont souffrir en l'apprenant, il faut le respecter  », ajoute-t-il.

Muni d'un bracelet électronique durant deux ans, celui que l'écrivain Emmanuel Carrère avait surnommé « l'Adversaire » dans son roman (L'Adversaire, P.O.L., 2000) partagera le quotidien de ce couvent isolé qui, dans les années 1980, avait caché le milicien Paul Touvier. Entre messe en latin et travaux au jardin, Romand y mènera une existence monacale, interdiction lui étant faite d'en sortir en dehors de certains créneaux horaires. Le criminel mythomane devra, en outre, s'abstenir de paraître dans les régions Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Île-de-France, d'entrer en contact avec la famille et les proches des victimes et d'évoquer publiquement son « affaire », notamment avec la presse.

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« Je ne me suis jamais senti aussi libre »

Cette vie austère correspond à son parcours et à son évolution, juge son avocat, Me Jean-Louis Abad. En prison, Jean-Claude Romand serait entré dans une période de prière et de méditation, assortie de périodes de jeûnes. Il y a aussi appris le japonais et s'est adonné au chant grégorien. « Je ne me suis jamais senti aussi libre », avait-il coutume de confier à ses codétenus. Un rapport de l'administration pénitentiaire dévoilé par l'émission Complément d'enquête le décrit, toutefois, comme « un homme insensible qui ne se dévoile pas ». Me Adrien Abad, qui lui a rendu visite aux côtés de son père, dont il a rejoint le cabinet lyonnais, décrit « un vieux monsieur discret et courtois ».

Jean-Claude Romand a attendu quatre ans de plus que les 22 ans de sûreté prononcés à son encontre – en complément de la perpétuité – par la cour d'assises de l'Ain pour solliciter une libération. Sa première requête avait été rejetée par le tribunal de l'application des peines de Châteauroux, en février dernier. Le « faux Dr Romand », qui devait être initialement accueilli dans une communauté Emmaüs, avait interjeté appel.

Lire aussi Au-delà de l'affaire Romand : la perpétuité en 3 questions

« Détenu modèle »

Le processus de sa libération a pris plusieurs années. Durant l'été 2017, ce condamné dont la psychologie et le parcours restent insondables pour de nombreux spécialistes avait été transféré durant six semaines au centre national d'évaluation de Sequedin, dans le Nord, où la dangerosité des criminels les plus lourdement condamnés est évaluée par un bataillon de psychiatres, d'experts et de spécialistes de la probation, dans la perspective d'un éventuel aménagement de peine. Le parcours pénitentiaire du détenu y est évoqué, sa psyché scrutée dans le but d'évaluer à la fois ses chances de réinsertion et les risques potentiels de récidive.

Un risque que la commission du CNE, dont l'avis n'est que consultatif, avait qualifié de « faible », pour Jean-Claude Romand.

Un an plus tôt, ce « détenu modèle » avait été extrait de sa cellule pour une randonnée pédestre encadrée, dans la Creuse. « J'ai retrouvé le goût de la liberté et les joies de la nature », avait-il réagi, selon le rapport que l'administration a fait de cette sortie. Seul au monde, il n'a jamais, en revanche, accueilli de proches en « unités de vie familiale », comme la plupart des détenus ; en revanche, plusieurs visiteurs de prison lui donnaient régulièrement rendez-vous au parloir.

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Commentaires (18)

  • Brenden

    Comment il a put faire ça, finalement la nature humaine de certains est très dure à discernée, mais la c'est quand mème un cas extrême, cette famille a été marquée par la mort, en plus il y a son beau-père qui est décédé accidentellement (selon l’enquête) dans une chute dans les escaliers, dans les mèmes années.

  • Jean Veuplus

    Merci pour votre commentaire.
    Je me pose souvent la même question compte tenu que les censures pleuvent sur mes commentaires!
    Ils ne rentrent pas dans le cadre de la pensée unique de ces mégalithes du politiquement correct !

  • Jean-Paul du 38

    26 ans de prison pour 5 assassinats, cela fait un peu plus de 5 ans par assassinat...

    Quelle est dure la justice !