Elles étaient huit. Huit tours au Point-du-Jour, cité de Saint-Laurent-du-Var. En 2019, une première a été détruite afin de faire place nette pour donner vie au futur écoquartier Porte-de-France (1). En décembre 2022, les tours 7 et 8 ont elles aussi disparu du paysage.
La prochaine étape devait avoir lieu avant la fin de cette année avec la démolition de la tour numéro 6. Problème: un locataire refuse de quitter les lieux.
"Il est en train de nous planter le projet"
Dans son bureau, Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var, soupire: "On est retardé." Un occupant de la tour censée être rasée dans moins de quatre mois "refuse systématiquement tous les appartements qu’on lui propose."
D’après l’élu, les services du CCAS (Centre communal d’action sociale) de Saint-Laurent-du-Var et Côte d’Azur habitat (le bailleur social) ont formulé des propositions de relogement respectant les demandes de l’occupant. "Un garage, un jardin…" Mais non. "Il dit que la mairie ne fait rien pour lui mais c’est faux. Mes équipes ne savent plus comment faire. Quand on l’appelle, il est en plus très agressif. Il est en train de nous planter le projet."
En effet, avec la trêve hivernale (de novembre à fin mars), il sera impossible de forcer le locataire à partir. La tour ne pourrait donc pas être détruite avant le printemps.
"On est bloqué à cause d’une personne alors que c’est un projet censé améliorer la vie du quartier, un projet d’intérêt public. Tout le monde se plaignait des conditions de vie au Point-du-Jour. Du retard sur un projet comme ça, ce sont des millions d’euros."
Alors le maire ne mâche pas ses mots. Si aucun terrain d’entente n’est trouvé avec ce monsieur, "on emploiera tous les moyens légaux." Vraisemblablement, une procédure d’expulsion.
"On m’a proposé que des cages à lapins"
De son côté, le locataire fulmine. "Ça fait 50 ans que j’habite là et on veut me forcer à partir. On m’a menacé de m’expulser." D’après l’octogénaire, on ne lui a proposé comme relogement "que des cages à lapin", alors qu’il réside actuellement dans un T3.
"J’aimerais avoir les moyens financiers de trouver un appartement par moi-même mais ce n’est pas possible." Aujourd’hui, l’immeuble n’étant plus habité, il se plaint des conditions: "Il y a des jeunes qui font du trafic dans les cages d’escalier, les poubelles ne sont plus ramassées, les parties communes ne sont plus entretenues et on m’a murée ma cave…" Il assure qu’il partirait si on lui proposait "un logement équivalent".
1. Ce projet colossal inclut entre autres des logements, un parc de 1 hectare, un commissariat, etc.
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