La Rochelle, France
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La Baleine bleue était connue !

Mise à jour 15 septembre 2022

En juillet dernier, nous signalions l’observation exceptionnelle d’une baleine bleue (Balaenoptera musculus), dans le golfe de Gascogne (à environ 300 km au large de la Rochelle) lors d’un survol d’observation de la mégafaune marine conduit par l’Observatoire Pelagis dans le cadre de la campagne SCANS IV.

Bien que les photos aient été prises à la volée depuis l’avion, à 200 m d’altitude, elles ont été envoyées à un collègue, spécialiste des baleines bleues, Richard Sears de la Station de recherche des îles Mingan. Il a comparé sa pigmentation au catalogue des baleines bleues de l’Atlantique Nord et, chose incroyable, il a pu l’identifier ! Cette baleine (EB377) avait déjà été observée et photographiée pour la première fois en septembre 2013 dans le sud-ouest de l’Irlande.

Le proche Atlantique qui s’étend de la péninsule ibérique à l’Irlande, incluant le golfe de Gascogne, est identifié pour ses concentrations de rorquals en été et à l’automne. Le rorqual commun, notamment est la principale espèce, mais d’autres espèces peuvent être observées comme le rorqual boréal ou la baleine bleue (rorqual bleu). Les signalements pour ces dernières restent rares en raison de leur distribution spécifiquement océanique et de leurs densités de population faibles. Il est néanmoins très probable que cette vaste zone méconnue soit utilisée pour l’alimentation de ces baleines, avec donc tous les enjeux que cela comporte en termes de conservation : disponibilité des ressources, activités humaines (trafic maritime, activités militaires, exploration minière, etc.), changement climatique (hausse de la température de l’eau), etc. Ainsi l’acquisition de connaissances et le suivi de ces baleines du grand large restent donc importants pour évaluer leur état de conservation à l’échelle de l’Atlantique nord.

UNE BALEINE BLEUE DANS LES EAUX FRANÇAISES

Une observation exceptionnelle a été réalisée ce samedi 23 juillet dans le golfe de Gascogne (dans les eaux océaniques françaises à environ 300 km au large de la Vendée) lors d’un survol d’observation de la mégafaune marine conduit par l’Observatoire Pelagis (campagne SCANS 4).

Il s’agit d’une baleine bleue (Balaenoptera musculus), photo prise depuis l’avion qui volait à 600 pieds et à 100 nds.

Bien que cette grande baleine, la plus grande, soit cosmopolite, elle n’est que très rarement observée en raison de sa distribution océanique et de ses densités très faibles. En Atlantique nord-est, sa population est estimée à environ 3 000 individus (NAMMCO, 2019) et elle est classée en « danger » par l’UICN (2018). Toutefois des travaux récents basés sur la photo identification ou l’analyse d’occurrences acoustiques indiqueraient une tendance à l’augmentation.

Au large de nos côtes les observations confirmées sont rares. Elles concernent uniquement le golfe de Gascogne où l’espèce est signalée en moyenne une fois tous les 10 ans !


En raison d’une grande confusion avec le rorqual commun il est également difficile de valider les témoignages anciens d’échouages. Les derniers échouages confirmés dateraient de 1923 dans l’île de Ré (dont les imposantes mandibules sont visibles au Museum d’Histoire Naturelle de La Rochelle) et de 1931 dans les Landes.

C’est l’occasion de rappeler que les eaux du golfe de Gascogne accueillent de nombreuses espèces de cétacés. En été, les grandes baleines en migration, telles que les rorquals communs observés à plusieurs reprises au cours de la campagne, cohabitent avec les grands dauphins, les dauphins communs, les dauphins bleu et blanc, les dauphins de Risso, les globicéphales noirs, les cachalots ou encore les baleines à bec. Ces survols révèlent des hotspots de diversité dans les eaux françaises du golfe de Gascogne ou en mer celtique. Ces zones jouent très certainement un rôle très important dans la survie de ces espèces.